Quand dire « s’il te plaît » et « merci » fait flamber les factures d’OpenAI

Vous êtes-vous déjà demandé si votre politesse exagérée envers ChatGPT et ses collègues chatbots ne creusait pas un trou béant dans le porte‑monnaie d’OpenAI ? Non ? Eh bien, un internaute sur X l’a fait, et voilà que Sam Altman en personne, le grand manitou de l'entreprise américaine, répond que ces « s’il te plaît » et « merci » lui ont déjà coûté « des dizaines de millions de dollars », mais des « dollars bien dépensés » quand même. Il ne s’agit sans doute pas d’un calcul ultra‑précis, mais l’idée a de quoi faire réfléchir: et si notre politesse digitale n’était pas aussi innocente qu’elle en a l’air ?
I wonder how much money OpenAI has lost in electricity costs from people saying “please” and “thank you” to their models.
— tomie (@tomieinlove) April 15, 2025
D’un côté, on pourrait croire qu’être courtois avec une machine, est juste un réflexe social mal adapté, une peur inconsciente de s’attirer les foudres de nos futurs maîtres informatiques. De l’autre, Kurt Beavers, membre de l’équipe design de Microsoft Copilot, assure que formuler ses requêtes avec des petits mots doux influe positivement sur le ton de la réponse générée par l’IA. Apparemment, ces modèles « reconnaissent » la politesse et se montrent plus aimables en retour. Quoi qu’il en soit, cela ne change rien au fait qu’additionner « merci » après chaque question, demande des ressources informatiques en plus et donc de l’électricité, beaucoup d’électricité.
Imaginez un instant, chaque mot inutile, chaque formule de politesse joliment ciselée, doit passer par les mêmes machines affamées de gigawatts que votre film préféré en streaming ou votre partie de jeu‑vidéo endiablée. Lorsqu’on multiplie ça par des milliards de requêtes quotidiennes, on fluctue très vite du côté de la centrale thermique plutôt que solaire. Et comme la plupart des data centers fonctionnent encore à l’énergie fossile, on peut dire que nos bonnes manières numériques ont un certain impact écologique et financier.
Un sondage réalisé l’an dernier aux États‑Unis révèle que 67 % des gens avouent être polis avec les chatbots, contre 33 % qui préfèrent aller droit au but. Alors, au bout du compte, vaut‑il vraiment mieux abandonner nos manières ? D’un point de vue comptable, réduire les politesses serait peut‑être un moyen de dégonfler un peu la facture d’OpenAI. Plus encore, la recherche sur le sujet indique que la politesse ne serait pas juste un luxe social, elle améliorerait vraiment la qualité des réponses fournies par les modèles de langage. Des études montrent qu’un prompt malpoli a plus de chances de générer des erreurs, des biais renforcés ou des informations manquantes.
Alors, oui, chaque « merci » a peut‑être un coût énergétique, mais évincer la politesse reviendrait à jouer aux apprentis sorciers avec la pertinence et la richesse des réponses. Sacrifier un peu d’efficacité pour économiser quelques kilowatts ? À voir. Au final, le vrai dilemme n’est pas seulement environnemental ou financier, il touche aussi à notre rapport aux machines, et, par rebond, aux humains. Si on se met à maltraiter les chatbots, peut‑être que cela se répercutera sur nos interactions en face à face, pour le pire ?
Alors, que faire ? Garder nos bonnes manières, payer la note énergétique et profiter d’une expérience utilisateur au top ? Ou abandonner tout scrupule et laisser tomber les politesses pour alléger un peu la pression sur les data centers ? À vous de décider si vous préférez être un chevalier courtois des temps modernes… ou un mercenaire numérique en mode « go fast, go direct ».