Mark Zuckerberg et Meta - L’hypocrisie de l’IA au service du profit

Mark Zuckerberg, le grand architecte de Meta, a encore frappé. Lors de la conférence Stripe Sessions, il a eu le culot de conseiller aux entrepreneurs d’aujourd’hui de s’appuyer sur des technologies qu’il n’avait pas à disposition il y a vingt ans, lorsqu’il bâtissait Facebook. Selon lui, l’intelligence artificielle permettrait aux fondateurs de se concentrer sur l’idée centrale de leur entreprise, libérés des contraintes techniques. Mais derrière ce discours mielleux se cache une réalité bien plus sombre, Zuckerberg et Meta ne cherchent qu’à maximiser leurs profits, au mépris des travailleurs, de la qualité et de l’éthique. Ce n’est pas un plaidoyer pour l’innovation, c’est une ode à l’exploitation déguisée.
L’IA, une baguette magique pour entrepreneurs paresseux ?
L’intéressé prétend que les plateformes modernes, boostées par l’IA, permettent aux petites équipes talentueuses de produire des résultats spectaculaires. Fini le temps où une entreprise devait maîtriser un large éventail de compétences en interne. Aujourd’hui, grâce à cette technologie, une poignée de passionnés peut soi-disant créer des produits révolutionnaires. Mais ce discours cache une vérité gênante, en vantant les mérites de l’automatisation, il encourage une culture de la facilité, où la compréhension profonde des systèmes est sacrifiée sur l’autel de la rapidité.

L’IA, toujours selon lui, remplacera bientôt les ingénieurs de niveau intermédiaire. Dans le podcast de Joe Rogan en janvier dernier, il prédisait qu’en 2025, Meta et d’autres géants technologiques disposeront d’IA capables de coder comme un ingénieur expérimenté. Formidable, non ? Pas vraiment. Les modèles de langage comme ceux utilisés par Meta ont une fâcheuse tendance à produire des hallucinations, des erreurs parfois grotesques. Confier des projets cruciaux à ces outils, c’est jouer à la roulette russe avec la qualité et la sécurité. Harry Law, chercheur en IA à l’université de Cambridge, met en garde: une dépendance excessive à l’IA pour coder peut engendrer des systèmes difficiles à maintenir, à déboguer ou à sécuriser. Les failles de sécurité ? Elles passeront inaperçues sans une revue humaine rigoureuse. Mais pour Mark Zuckerberg, peu importe. L’essentiel, c’est de produire vite et à bas coût.
Vibe coding: la nouvelle fumisterie de la Silicon Valley
Ce terme, popularisé par Andrej Karpathy, cofondateur d’OpenAI, désigne une approche où l’on code sans vraiment coder: on donne des instructions vagues à une IA, on copie-colle, on teste, et hop, ça marche (ou pas). Garry Tan, PDG de Y Combinator, s’extasie devant cette méthode, affirmant qu’elle permet à des startups de générer des millions de dollars avec des équipes réduites à peau de chagrin. Fini celles de 50 ou 100 développeurs ! Avec l’IA, une poignée de personnes suffit. Shopify, Anthropic, Google etc, tous surfent sur cette vague, vantant une productivité accrue et des coûts réduits.
Mais à quel prix ? Cette obsession pour l’efficacité à tout-va n’est qu’un euphémisme pour des licenciements massifs et une dévalorisation du travail humain. Google admet que 25 % de son nouveau code est généré par IA, puis vérifié par des employés. Anthropic prédit que cette dernière écrira « presque tout le code » d’ici un an. Et Meta ? Zuckerberg a proclamé 2023 « l’année de l’efficacité », un prétexte pour licencier à tour de bras et aplatir les structures hiérarchiques. Des milliers d’employés ont été sacrifiés, qualifiés de « moins performants » pour justifier leur éviction. Cette rhétorique est une insulte à l’intelligence collective. Ce ne sont pas des incompétents qui sont écartés, mais des travailleurs compétents, remplacés par des algorithmes imparfaits.
Meta, champion de l’hypocrisie
Zuckerberg se présente comme un visionnaire, un guide bienveillant pour la nouvelle génération d’entrepreneurs. Mais son discours est d’une hypocrisie crasse. Pendant qu’il encourage les startups à adopter l’IA, Meta s’en sert pour démanteler ses propres équipes. Les licenciements massifs ne sont pas une réponse à une crise économique, mais une stratégie délibérée pour gonfler les marges. En remplaçant les ingénieurs, la société ne cherche pas à innover, mais à réduire ses coûts salariaux tout en maintenant une façade de progrès technologique.

Et que dire de la qualité ? Les produits maison, déjà critiqués pour leurs failles de sécurité et leur impact social délétère, risquent de devenir encore plus fragiles. Une IA qui code sans supervision humaine, c’est une bombe à retardement. Les bugs, les vulnérabilités, les pannes… tout cela deviendra la norme si l’on sacrifie l’expertise humaine au profit de l’automatisation. Mais pour le patron de Meta, ces risques sont secondaires. Ce qui compte, c’est l’image, celle d’une entreprise à la pointe, qui surfe sur la vague de l’IA tout en écrasant la concurrence.
Une menace pour l’avenir du travail
Le plus inquiétant, c’est l’impact à long terme. En poussant les entreprises à dépendre de ces technologies, Zuckerberg et ses pairs créent un monde où les compétences techniques sont dévalorisées. Les jeunes ingénieurs, au lieu d’apprendre les rouages des systèmes, seront réduits à donner des instructions à des machines. Cette perte de savoir-faire est une catastrophe en gestation. L’IA peut accélérer les débuts, mais elle empêche souvent une compréhension profonde de leur architecture. Et quand les choses tournent mal (ce qui arrivera inévitablement), qui sera là pour réparer les dégâts ? Certainement pas les vibe codeurs, trop occupés à suivre ce mouvement.

En fin de compte, le discours de Zuckerberg n’est pas celui d’un innovateur, mais celui d’un opportuniste. Sous couvert de démocratisation technologique, il promeut un modèle économique qui enrichit les géants comme Meta tout en précarisant les travailleurs et en fragilisant les entreprises. L’IA n’est pas un outil d’émancipation, mais une arme pour consolider le pouvoir des grandes plateformes. En encourageant les entrepreneurs à s’appuyer sur ces technologies, il ne les aide pas à réussir mais les rend dépendants de son écosystème, où son entreprise contrôle les règles du jeu. Une tentative cynique de transformer l’IA en outil de domination économique. Les entrepreneurs d’aujourd’hui ne doivent pas tomber dans le piège. Plutôt que de courir après la facilité promise par l’IA, ils devraient investir dans des équipes solides, des compétences durables et une vision à long terme. L’innovation véritable ne naît pas de raccourcis, mais de l’expertise et de la créativité humaine. Quant à Meta, son obsession pour l’efficacité à tout prix révèle une vérité crue: pour Zuckerberg, le progrès n’est qu’un slogan, et les travailleurs, des pions jetables. Refusons ce futur dystopique et reprenons le contrôle.