L'Europe lance « Choose Europe for Science » - Une riposte de 500 millions d'euros face au déclin de la recherche américaine

Un véritable pavé dans la mare politico-scientifique a été lancé aujourd'hui à la Sorbonne. L’Union Européenne a dévoilé son programme « Choose Europe for Science », doté de 500 millions d’euros sur trois ans pour transformer l'Europe en pôle d’attraction pour les chercheurs du monde entier.

Derrière le vernis diplomatique, cette initiative se présente comme une réponse cinglante à l’éradication systématique du financement public de la recherche scientifique aux États-Unis, orchestrée par l’administration Trump.
Sur le campus parisien, Ursula von der Leyen et Emmanuel Macron ont tour à tour rappelé l’importance vitale de l’excellence scientifique pour les démocraties libérales. Sans jamais prononcer le nom de Donald Trump, tous deux ont pointé du doigt la destruction méticuleuse des programmes de recherche outre-Atlantique. « Personne n’aurait pu imaginer qu’une des plus grandes démocraties mondiales supprime des programmes de recherche sous prétexte qu’ils contiennent le mot “diversité” », a ainsi souligné le président, dénonçant le nouveau feuilleton anti-DEI (Diversity, Equity, Inclusion) qui vise à purger la science de toute référence à la diversité, notamment en matière de genre et d’orientation sexuelle.
Rendu célèbre par l’effacement de toute mention de « transgenre » ou de « LGBT » sur les sites officiels de santé publique américain, le bras de fer engagé par la Maison-Blanche, en défendant une pseudo méritocratie restaurée, cache en réalité un objectif inavoué de re-ségrégation sociétale, à commencer par l’armée et les agences fédérales. Or, là où l’administration Trump prétend sauvegarder une impartialité de façade, elle pénalise massivement des talents qui font la force des États-Unis depuis des décennies.
En l’espace de trois mois seulement, elle a littéralement anéanti des milliards de dollars de subventions de recherche aux National Institutes of Health (NIH) et à la National Science Foundation (NSF). Et comme si cela ne suffisait pas, le budget présenté par la Maison-Blanche prévoit désormais des coupes drastiques supplémentaires, proches de 50 % pour le NIH et les Centers for Disease Control and Prevention (CDC), sous couvert d’approbation parlementaire. Conséquence redoutée des experts, un renversement de tendance qui retardera la recherche scientifique américaine de plusieurs années, si ce n’est de plusieurs générations. Aujourd’hui, les Européens misent sur la fuite des cerveaux. Ceux qui n’auront d’autre choix que de chercher, ailleurs, trouveront chez nous un environnement propice à leurs travaux.

Lors de son discours, Emmanuel Macron a rappelé que la recherche scientifique est le fer de lance des sociétés ouvertes et libres. Il a notamment évoqué l’affaire récente d’un chercheur français se voyant refuser un visa américain pour avoir critiqué Donald Trump, par SMS privés.
« Qui aurait cru que l’une des plus grandes démocraties du monde renoncerait, d’un trait de plume, à délivrer des visas à des chercheurs étrangers ? », a-t-il lancé.
Une question rhétorique qui en dit long sur la dérive autoritaire des pratiques administratives à Washington. Ursula von der Leyen, de son côté, a fustigé sans détours le scepticisme croissant vis-à-vis de la recherche fondamentale libre et ouverte. « Le rôle de la science dans le monde d’aujourd’hui est remis en question », a-t-elle affirmé, dénonçant une « gigantesque erreur de calcul » par ceux qui sous-estiment la clé de notre avenir. Elle a mis en lumière le modèle de l’European Research Council, « géré non par des hommes politiques, mais par des scientifiques, pour des scientifiques », illustrant la confiance que l’Europe veut placer dans l’autonomie et l’intégrité de la science.
Pour symboliser l’ouverture sans frontière nécessaire au progrès, la présidente de la commission a évoqué l’exemple de Marie Curie, cette Polonaise exilée en France à la fin du XIXᵉ siècle et devenue la légendaire lauréate du prix Nobel. Son parcours incarne, selon elle, non seulement l’excellence, mais surtout la liberté de penser, d’apprendre et d’inventer. « C’est une histoire de liberté », a-t-elle insisté, « la liberté de transformer des idées en découvertes majeures grâce à une collaboration qui transcende les frontières ».
Signe que l’UE ne se contente pas de discours, les 500 millions annoncés viendront renforcer le conseil européen de la recherche, tandis qu’un futur « European Innovation Act » et une « Startup and Scaleup Strategy » permettront de lever les obstacles réglementaires et financiers freinant les investisseurs et les jeunes pousses européennes. Le message est clair: il s’agit de construire un écosystème où l’innovation prospère, loin des gesticulations idéologiques de l’administration Trump. L’histoire nous rappelle d'ailleurs que l’Europe, jadis, a vu fuir ses cerveaux sous les régimes fascistes des années 1930. Bruno Rossi, physicien italien, a ainsi trouvé refuge aux États-Unis en 1938 et participé au projet Manhattan, Albert Einstein lui-même, conscient dès 1922 de la menace nazie, s’exila avant l’accession d’Adolf Hitler. Aujourd’hui, les diplomates européens entendent braquer les projecteurs sur un nouveau déplacement de talents. Le bon camp doit l’emporter.
« La science n’a pas de passeport, pas de genre, pas d’origine ethnique ou d’appartenance politique », a conclu Ursula von der Leyen. Dans un monde fracturé, la recherche demeure un bien universel, un ciment de solidarité et un vecteur d’avenir partagé. L’Europe s’engage à préserver cette diversité, la considérant non pas comme un luxe, mais comme l’essence même du progrès humain. Face à une administration américaine qui piétine ces valeurs, « Choose Europe for Science » se pose en contre-modèle, déterminé à prouver que l’ouverture, loin d’être une faiblesse, est la plus grande des forces.