Apple renforce son engagement pour le climat et fait état de progrès tangibles

Apple renforce son engagement pour le climat et fait état de progrès tangibles

Depuis plusieurs années, Apple place la lutte contre le changement climatique au cœur de ses priorités. Le dernier rapport environnemental de la firme de Cupertino révèle des avancées concrètes: en 2024, la pollution émise par l’entreprise a diminué de 800 000 tonnes métriques de CO₂ par rapport à 2023, soit une baisse d’environ 5 %. Sur la décennie écoulée, la réduction dépasse même les 60 %, un résultat d’autant plus remarquable que la montée en puissance de l’intelligence artificielle tend à accroître les émissions dans le secteur tech.

Au premier rang des actions menées figure l’essor des énergies renouvelables. Apple a poursuivi ses investissements dans des installations solaires et éoliennes, non seulement pour alimenter ses propres data centers, mais aussi pour inciter ses fournisseurs à emboîter le pas. Grâce à l’achat d’électricité verte et à des gains d’efficacité énergétique, les partenaires de la marque ont ainsi évité près de 24 millions de tonnes métriques de gaz à effet de serre sur la seule année 2024.

La fabrication de semi-conducteurs et d’écrans plats génère par ailleurs des gaz fluorés (F‑GHG) particulièrement néfastes pour le climat. Pour réduire cet impact, Cupertino exige désormais que tous ses fournisseurs d’écrans directs s’engagent à abattre au moins 90 % de ces gaz dans les installations dédiées à ses produits. Vingt-six fournisseurs de puces ont également pris des engagements similaires, bien qu’Apple n’ait pas précisé quelle part du total de sa chaîne d’approvisionnement cela représente.

Contenu de l’article

Par ailleurs, l’utilisation de matériaux recyclés figure parmi les axes majeurs de durabilité de l’entreprise américaine. L’an dernier, près d’un quart des matériaux employés dans les produits expédiés provenait de sources recyclées. Dans le détail, plus de 80 % des terres rares (indispensables aux aimants des appareils) étaient issues du recyclage en 2024, contre 75 % l’année précédente. D’autres métaux critiques ont également bénéficié d’une importante part de recyclé: 99 % pour le tungstène, 71 % pour l’aluminium, 53 % pour le lithium, 40 % pour l’or et 76 % pour le cobalt. Pour encourager les utilisateurs à rapporter leurs anciens appareils, Apple offre jusqu’au 16 mai une remise de 10 % sur ses accessoires lorsqu’un produit éligible est déposé en magasin pour recyclage.

Malgré ces efforts, la trajectoire n’est pas encore idéale: l’année dernière, Apple a émis 15,3 millions de tonnes métriques de CO₂, soit l’équivalent de la pollution générée par quarante centrales électriques à gaz en fonctionnement pendant un an. L’année de référence retenue pour mesurer les progrès est 2015, lorsque l’entreprise avait produit 38,4 millions de tonnes de CO₂, ce qui signifie que la réduction globale atteint aujourd’hui près de 60 % depuis cette date.

Cupertino se fixe des objectifs ambitieux pour la suite : réduire de 75 % ses émissions par rapport à 2015 d’ici à 2030, puis éliminer 90 % de cette empreinte carbone à l’horizon 2050. Ces cibles sont alignées sur les recommandations des scientifiques pour respecter l’accord de Paris et maintenir le réchauffement planétaire sous les 1,5 °C. Pour y parvenir, la firme compte poursuivre son plan en trois volets: augmenter la part d’énergies renouvelables, concevoir des produits encore plus éco-responsables et gonfler le niveau d’exigence auprès de ses fournisseurs.

Si ces chiffres impressionnent, la communication pourrait pourtant relever du greenwashing. D’une part, Apple s’appuie en partie sur des achats de crédits carbone pour neutraliser ses émissions résiduelles, une méthode souvent jugée moins rigoureuse qu’une réduction directe (les crédits peinent parfois à garantir des réductions réelles et permanentes ailleurs dans le monde). D’autre part, les engagements des fournisseurs ne couvrent pas toujours l’intégralité de leur chaîne de production. Sans audits indépendants réguliers et transparents, il est difficile de s’assurer que les réductions annoncées ne concernent qu’une fraction marginale des processus globaux.

Contenu de l’article

De plus, Apple met fortement en avant ses réussites environnementales dans sa communication marketing, alors même que son volume de ventes et de nouveaux produits ne cesse de croître, ce qui peut engendrer un effet rebond. L’inévitable renouvellement des appareils contribue à la demande de matières premières et intensifie l’empreinte écologique globale du secteur. Enfin, la forte dépendance aux matériaux rares et aux semiconducteurs complexifie la maîtrise des émissions liées à l’extraction et à la fabrication, domaines où l’entreprise n’intervient pas directement.

Ainsi, si les objectifs d’Apple s’inscrivent dans une dynamique positive, le risque de greenwashing invite à la vigilance. Il conviendra d’exiger une transparence accrue sur les méthodes de calcul, la part exacte des émissions compensées via des crédits carbone, et la portée réelle des engagements pris par l’ensemble des sous-traitants.

Read more