Album de la semaine - The Kooks - Never/Know

Depuis leurs débuts fracassants dans les années 2000, les Kooks ont marqué l’indie rock avec des mélodies ensoleillées et une énergie juvénile qui ont conquis des millions de fans à travers le monde. Près de vingt ans après la sortie de leur emblématique Inside In / Inside Out et son tube planétaire Naïve, le groupe revient avec un nouvel opus, Never / Know. Ce septième album, porté par les deux membres fondateurs, Luke Pritchard (chant) et Hugh Harris (guitare), est une célébration de leur identité musicale, mêlant introspection, influences éclectiques et une fraîcheur qui rappelle leurs premières années.
Never / Know n’est pas une simple tentative de reproduire le son brut et spontané qui les a propulsé sur la scène internationale. Comme l’explique Luke Pritchard, il s’agit plutôt de renouer avec l’état d’esprit qui animait le groupe à ses débuts.
« Ce n’est pas une question de revenir au son du premier album, mais de retrouver les racines de nos influences et de nous demander: quelle est l’identité de ce groupe ? »
Une question essentielle pour un groupe qui, au fil des années, a exploré des territoires musicaux variés, allant du synthpop au krautrock, tout en élargissant son audience mondiale, notamment grâce à l’engouement de la jeune génération sur TikTok. Produit par Pritchard lui-même (à l’exception d’une piste), ce disque de 11 titres se démarque par sa simplicité assumée et son énergie organique.
« L’idée était d’oublier le passé, de se demander quel type de musique nous voulions créer et comment la rendre naturelle », confie le chanteur.

Cette démarche se traduit par des chansons qui respirent la liberté et la sincérité, tout en conservant l’ADN des Kooks: des mélodies accrocheuses, des guitares solaires et une touche de romantisme nonchalant. Les paroles sont aussi parmi les plus directes et expressives de la carrière du chanteur. Les morceuax regorgent de jeux de mots malins, de surnoms affectueux pour ses enfants et ses proches, et d’une tendresse qui touche en surface tout en révélant une profondeur personnelle. Le single éponyme Never Know, par exemple, évoque la fougue d’une rencontre amoureuse, avec des images de dépenses extravagantes « comme des stars de cinéma » et de balades en décapotable dans le sud de la France.
De son côté, If They Could Only Know renoue avec l’énergie brute des premiers albums, prouvant que le groupe n’a rien perdu de sa spontanéité. Les références aux géants du rock sont également omniprésentes, à commencer par une reprise envoûtante de Arrow Through Me de Paul McCartney et ses Wings, qui témoigne de l’admiration du groupe pour la douceur pop des années 70. Cette reprise, fidèle à l’originale, s’intègre parfaitement à l’esthétique de l’album. Ailleurs, des références aux Beatles se font entendre, notamment dans Echo Chamber, qui marie une vibe lennonienne à une atmosphère balnéaire grâce à l’ajout de vibraphone et de congas. L’influence de The Police est également marquée, particulièrement dans All Over The World, avec son groove reggae, sa basse rebondissante et ses touches de piano élégantes. Ce titre, porté par une assurance discrète, rappelle presque l’élégance des récents albums d’Arctic Monkeys. Let You Go et Tough At The Top explorent également ce territoire, avec des rythmiques et des tonalités de guitare qui évoquent Sting et sa bande.

Contrairement aux albums récents des Kooks, souvent marqués par des arrangements plus grandioses, Never / Know mise sur une production épurée qui met en valeur le jeu des musiciens, en particulier les contributions subtiles et raffinées de Hugh Harris à la guitare. Que ce soit dans les solos fluides qui clôturent Talk About It ou dans les lignes mélodiques qui parsèment l’album, ce dernier apporte une touche d’élégance qui enrichit chaque morceau. Cette approche minimaliste permet d’apprécier les détails (une ligne de basse groovy, un accord d’orgue chaleureux) et confère à l'ensemble une sensation de spontanéité et de proximité. Cette retenue est d’autant plus remarquable qu’elle contraste avec ce qu’un groupe moins expérimenté aurait pu faire: gonfler les arrangements pour maximiser l’impact. Ici, les musiciens optent pour la confiance tranquille, laissant les chansons respirer et parler d’elles-mêmes. Le résultat est un album qui sonne comme une conversation intime avec nous auditeurs, une invitation à se perdre dans ses mélodies estivales.