Album de la semaine - Robin Trower - Come And Find Me

Album de la semaine - Robin Trower - Come And Find Me

À 80 ans, Robin Trower, ancien guitariste de Procol Harum, continue d’écrire les pages d’une carrière aussi prolifique qu’influente. Depuis ses débuts en 1967, il a marqué l’histoire du rock avec près de trente albums studio et une série d’enregistrements live en tant qu’artiste solo. Sa signature sonore, un mélange de licks bluesy fluides et saturés de réverbération, évoque l’héritage de Jimi Hendrix tout en restant unique. Ce son, immédiatement reconnaissable, demeure sa carte de visite et l’une des empreintes les plus distinctives du genre. Avec son dernier opus, Come and Find Me, il revient à ses racines tout en insufflant une énergie nouvelle, prouvant qu’il n’a rien perdu de sa verve malgré les années et des soucis de santé récents.

L’année dernière, des problèmes médicaux l’ont forcé à reporter plusieurs concerts, mais il a rebondi avec une tournée en 2025 et l’enregistrement de ce nouvel album. Fidèle à son approche minimaliste, il y joue la basse sur presque tous les morceaux (à l’exception de deux titres), accompagné d’un batteur et de quelques chanteurs. Come and Find Me marque un retour à un territoire familier, loin des expérimentations R&B de ses disqques récents comme Joyful Sky (2023, avec Sari Schorr) ou United State of Mind (2020, avec Maxi Priest). Ici, il renoue avec le style qui a fait sa renommée, porté par la voix de Richard Watts, son chanteur de longue date, et l’apparition de Jess Hayes sur deux titres.

Dès l’ouverture avec « A Little Bit of Freedom », le ton est donné. Ce morceau mid-tempo, aux paroles inhabituellement engagées pour Trower, laisse place à un solo incandescent, rappelant que le guitariste reste au sommet de son art. Ce retour en force témoigne de sa résilience et de son talent intact. Les sonorités oniriques, un autre pilier de son style, dominent plusieurs titres. « Take This Hurt Away », un blues psychédélique lent que le musicien décrit comme une chanson digne d’un générique de James Bond, rappelle l’ambiance mélancolique de « Daydream » (1973). « Time Stood Still » et le languissant « Come and Find Me » s’inscrivent dans cette même veine, comme des échos modernes de ses débuts.

Robin Trower explore aussi des grooves plus dynamiques. « One Go Round » s’appuie sur un riff funk subtil, tandis que « I Fly Straight to You » accélère le tempo, évoquant des similitudes avec « Somebody Calling ». La voix gospel de Jess Hayes brille sur « Tangled Love », influencé par Cream, et sur « Without a Trace », où les rythmes puissants poussent le guitariste vers des territoires plus âpres, ses solos gorgés d’acidité creusant encore plus profondément. D'un premier temps, ce nouvel album pourrait sembler être une énième collection élégante mais prévisible. Pourtant, des écoutes répétées révèlent des mélodies envoûtantes et un travail de guitare qui, bien que moins flamboyant qu’autrefois, reste d’une précision remarquable. Richard Watts, avec sa voix puissante, apporte une intensité constante, tandis que Jess Hayes offre une douceur contrastante. Cette fraîcheur, cette sensation de redécouverte, traverse chaque morceau, porté par une écriture et un jeu d’une vitalité saisissante. En somme, Come and Find Me est une célébration du style inimitable de Robin Trower. À son age, il prouve qu’il reste un maître du blues-rock.


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