Adobe lance son application web de traçabilité des contenus pour valoriser et protéger les créations

Adobe lance son application web de traçabilité des contenus pour valoriser et protéger les créations

Depuis son annonce en octobre dernier, l’initiative de traçabilité des contenus d’Adobe passe à la vitesse supérieure avec le lancement public en bêta de l’application Web Content Authenticity. Destinée aux photographes, graphistes et vidéastes, cette plateforme permet d’inscrire de manière invisible et inviolable des métadonnées dans vos images afin de garantir votre paternité, même lorsqu’une capture d’écran est partagée sans mention de l’auteur. Au cœur de ce nouvel outil se trouve le système Content Credentials, déjà présenté par l'entreprise comme une réponse aux défis actuels de l’attribution et de l’intégrité des œuvres numériques. Désormais accessible à toute personne disposant d’un compte Adobe gratuit (sans obligation d’abonnement Creative Cloud), l’application web offre une interface simple pour intégrer directement dans vos fichiers JPEG et PNG des informations vous concernant: nom, site web, profils sociaux et historique précis des retouches appliquées.

L’un des atouts principaux du Content Authenticity réside dans sa capacité à tracer l’historique d’édition de chaque image. Chaque modification, qu’elle soit réalisée dans Photoshop ou via tout autre outil de traitement d’image, peut être documentée. Dès qu’un créateur ajoute des filtres, ajuste la colorimétrie ou supprime un élément du décor, l’application conserve une empreinte détaillée de ces opérations, garantissant ainsi une transparence totale sur le processus de création.

Face à l’essor fulgurant des intelligences artificielles, Adobe a également inclus un tag spécifique à apposer sur vos œuvres pour signaler explicitement aux développeurs d’IA que celles-ci ne doivent pas servir de données d’entraînement. Cette procédure unifiée permet d’éviter les démarches individuelles et fastidieuses auprès de chaque fournisseur d’IA, tout en restant consciente que l’efficacité de ce mécanisme dépendra de l’adhésion volontaire des acteurs du secteur. Adobe affirme toutefois travailler avec des décideurs politiques et des partenaires industriels pour établir des mécanismes d’exclusion (opt-out) solides et uniformes, reposant sur le Content Credentials.

Afin de renforcer la crédibilité des informations associées à vos images, l’application s’intègre à LinkedIn pour vérifier l’identité des créateurs avant de lier leur profil à leurs métadonnées. Cette validation en amont vise à limiter les usurpations d’identité et à dissuader la création de faux comptes attribués à des artistes. Dans les vignettes explicatives fournies par Adobe, on constate d’ailleurs que seules les plateformes reconnues (Behance, Instagram, site personnel) sont affichées, tandis que X apparaît encore sous son ancien nom « Twitter », sans lien direct (un petit clin d’œil à la rupture de la plateforme d'Elon Musk avec l’initiative d’Adobe).

À l’usage, l’application se démarque par sa fonction de traitement par lot: jusqu’à cinquante images peuvent être marquées en une seule opération, un gain de temps considérable pour les photographes qui gèrent des séries ou les graphistes produisant des visuels multiples pour une même campagne. Bien que seules les extensions JPEG et PNG soient prises en charge pour l’heure, Adobe promet d’étendre rapidement la compatibilité aux fichiers lourds, aux vidéos et aux fichiers audio.

Le Content Authenticity ne se limite d'ailleurs pas à l’émission de métadonnées. Il permet également de vérifier, via un outil d’inspection intégré ou une extension Google Chrome dédiée, la présence de Content Credentials sur n’importe quelle image rencontrée en ligne. Même lorsque les plateformes d’hébergement retireront ces informations, l’inspecteur d’Adobe parviendra souvent à les récupérer et à dévoiler l’historique de retouches, y compris l’usage éventuel de modèles génératifs. Cette fonctionnalité représente un garde-fou précieux contre la propagation de deepfakes et la diffusion non autorisée d’œuvres modifiées.

Parallèlement à cette avancée en matière de traçabilité, Adobe alimente son offre d’IA créative avec la publication de la quatrième génération de son modèle Firefly Image. Deux variantes sont proposées: l’une, rapide et efficiente, l’autre, Ultra, dédiée aux scènes complexes nécessitant un rendu extrêmement détaillé. Ces modèles permettent de produire des images jusqu’en 2 K, en conservant un contrôle affiné sur le style, la mise en page et l’angle de vue. Ils rejoignent la palette d’outils Firefly disponible dans l’application Web, qui inclut déjà la génération de vidéos, de vecteurs et, bientôt, une application moodboard collaborative baptisée Firefly Boards.

Dans cette dynamique, l'entreprise ouvre également sa plateforme à des modèles tiers, offrant aux utilisateurs l’accès expérimental à Imagen 3 de Google ou au nouveau modèle d’OpenAI pour l’image, ainsi qu’à d’autres algorithmes pour la vidéo. Cette ouverture, clairement identifiée comme non adaptée aux usages commerciaux, témoigne de la volonté d’Adobe de faire évoluer l’écosystème IA tout en garantissant la sécurité juridique de ses propres créations, formées uniquement à partir de contenus publics ou sous licence.

Enfin, les mises à jour des outils historiques ne sont pas en reste: Illustrator voit ses fonctions génératives de remplissage de formes et de conversion de texte en motifs devenir accessibles à tous, tandis que Photoshop affine sa sélection automatique de détails (cheveux, vêtements, traits du visage) et enrichit son panneau Actions de suggestions personnalisées. Ces améliorations s’inscrivent dans la feuille de route d’Adobe, qui envisage d’intégrer prochainement un assistant créatif IA capable de proposer des retouches proactives basées sur le style unique de chaque utilisateur.

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